Petite visite à sa chère soeur adorée

* La réaction d'Arsinoé vexa quelque peu Cléopâtre. Certes elle ne s'attendait pas non plus à ce que sa soeur s'étende en affection et compliments, mais qu'elle ait au moins un tant soit peu de compassion, ou un quelconque autre sentiment, mais qu'elle dise quelque chose de gentil. Décidément, elles ne seraient jamais sur la même longueur d'onde!
Cependant, la Reine avait réussi à obtenir ce qu'elle voulait: pousser Arsinoé à bout pour qu'elle avoue ce qu'elle avait sur le coeur. Elle y était parvenue partiellement. Cléopâtre regarda sa soeur se lever, et le fait qu'elle hausse le ton et que sa voix aille crescendo ne l'impressionnait pas du tout, au contraire. Elle l'écouta attentivement, retenant chaque mot, hochant la tête.*

-Tu te sens mieux à présent? dit-elle après quelques secondes.

* Elle la regarda dans les yeux, émit un léger sourire, puis son regard alla dans le vague un insant avant de se reposer à nouveau sur sa soeur. Elle lui parla d'une voix étrangement calme.*

-Certes nous n'avons jamais eu une affinité débordante, toi et moi, mais tu sais pourquoi? Parce que nous avons reçu une éducation différente, et parce que depuis toujours nous avons été habituées à nous méfier de tout et de tout le monde. Ce n'est ni de ta faute, ni de la mienne. Notre enfance a été bercée par des événements douloureux, à commencer par le règne bancal de notre père. Ce genre de chose nous a appris à ne pas niveler par le bas, pour éviter d'être comme lui. Le problème est que nous n'avons pas tous, dans la fratrie, la même force de caractère, ce qui explique que Ptolémée se soit fait manipuler très jeune, et qu'à présent il agisse n'importe comment. Je ne veux pas que tu sois comme lui, mais malheureusement tu as choisi son camp. Je ne te veux aucun mal et je ne te déteste pas, Arsinoé, seulement oui, mon pays est la seule chose pour laquelle je me donne corps et âme, car depuis longtemps je sais que l'esprit de famille n'est pas ce qui fait les grand Rois. Et l'Egypte a besoin de ça. C'est pour cela que je ne peux te laisser dire que je ne pense qu'à moi! C'est faux! Je ne pense qu'à l'Egypte.

* Elle ferma un instant ses yeux cernés de khôl avant de regarder à nouveau Arsinoé.*

-Je veux entendre ton avis sur ce que je viens de dire.

* Elle avait bien sûr fait exprès de ne pas lui avoir donné la permission de partir.*

HJ: désolée pour mon précédant post qui était merdique, j'espère m'être rattrapée... lol

[HJ Pas de soucis , j'en fais pratiquement tout le temps alors... . Oui, beau rattrapage je dosi avouer hihi ]

* Arsinoë leva ses yeux pour regarder, à travers le flou que les larmes créaient, sa soeur. Elle avait le sentiment d'être comme une prisonnière. Oui c'est ça, une prisonnière. Sa prisonnière. Cléopâtre n'avait toujours pas donné la permission que sa cadette attendait tant, celle de s'en aller.
La jeune Egyptienne était extrêmement déçue par le comportement de sa soeur. Elle avait tant l'impression qu'elle se moquait ouvertement de sa soeur cadette. Se sentait-elle mieux après avoir dit tout ça ? Certainement pas. Mais voir sa soeur sourire la décevait et surtout, la rendait folle de rage. Elle se résout à baisser, à nouveau, les yeux. Elle croisa ses ras devant sa poitrine. Elle pouvait faire penser aux petites filles qui boudent quand quelque chose ne va pas. Eh bien, là, c'était le cas. Arsinoë ne voulait pas se remettre en colère, se remettre à crier auprès de sa soeur pour rien. Car oui, Cléopatre ne comprenait pas le mal-être de sa petite soeur. Elle hésita cependant à répliquer quelques mots ou à s'enfermer dans un mutisme total. Elle décida, après un long silence, de faire une réplique sanglante mais après tout, peut-être que son aînée n'allait pas le prendre mal. *

- Eh bien moi, tu as beau être ma soeur, ou même la Reine, je ne t'aime pas. Je ne veux pas ton mal non plus, mais je ne t'aime pas. Tu pourrais dire que je t'aime comme on aime une soeur, un frère, tu vois, qu'on aime malgré les nombreuses disputes. Eh bien non même pas. C'est triste mais c'est pourtant vrai. Mais tu dois bien t'en moquer de ça vu que tout le reste du monde t'aime, pas vrai ?

* Dans un petit rire ironique et triste à la fois, Arsi' hocha la tête. *

- Tu as raison, nos différences se sont creusées grâce à nos éducations. Mais si tu savais à quel point Ptolémée me manque. J'aimerais avoir quelqu'un que j'aime et qui m'aime avec moi et pas quelqu'un qui m'ignore sans arrêt. J'aimerais quelqu'un sur qui me reposer, quelqu'un à qui je pourrais me confier. Et je sais que tu ne seras jamais ce quelqu'un. Tant pis. Il y a longtemps que je fais avec maintenant.

* Arsi' savait que, par ses mots, plutôt crus, elle ne faisait que rajouter de l'huile sur le feu. Elle avait prononcée ces mots d'une voix étonnemment plate, presque monotone, grave tout en étant douce. Elle ne voulait rien dire de plus. Simplement partir, dans sa chambre, prendre l'air, ou ailleurs, et pleurer toutes les larmes qui ne demandaient qu'à s'échapper. *

* Là, Cléopâtre s'énerva. Elle avait pourtout résolu de ne plus s 'énerver, les médecins lui avaient dit que ce n'était pas bien dans son état, mais là, c'en était trop! Arsinoé sans doute le faisait exprès, ou alors elle était très remontée, mais pourtant Cléopâtre n'avait pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit pour que sa soeur ait ce genre sentiments à son égard. *

-Soit, tu ne m'aimes pas, c'est ton choix, mais ce n'est pas cela qui te rendra la vie plus agréable, au contraire! Alors que si tu étais un peu plus conciliente, il n'y aurait pas tous ces conflits entre nous. Je pense que tu es tout simplement jalouse. Jalouse parce que je suis tout ce que tu ne seras jamais. Et détrompe pas, je suis loin d'être aimée de tout le monde! Car il existe beaucoup de personnes qui, comme toi, sont jalouses, ou alors malveillantes.

* C'est alors qu'Arsinoé prit encore, et une fois de trop, la défense de Ptolémée. Mais qu'avait-elle avec lui à la fin? Elle qui prônait que l'on ne devait pa ss'assassiner dans la famille, c'était quand même lui qui le premier avait chercher à faire supprimer Cléopâtre!*

-Mais je ne t'ignore pas! cria-t-elle en tappant de la main sur la table, ce qui fit trembler les verres. Ca, c'est ce que tu crois! Et je te signale que tu m'ignores tout autant! Quant à Ptolémée, encore une fois c'est lui qui a trahi sa famille, il m'a chassée! Alors que notre père voulait que nous régnions ensemble! Il a ensuite essayé de me faire tuer! Si César n'avait pas été là, mon corps servirait à nourrir les crocodiles du Nil à l'heure qu'il est! N'était-ce pas toi qui disais que l'on ne devait pas attenter à la vie de ses frère et soeur?

* Malgré le rire ironique qu'elle avait prononcé, Cléopâtre sentait qu'Arsinoé avait envie de pleurer, et quelque part cela la rassura, ça prouvait qu'elle avait encore une certaine sensibilité.*