Petite visite à sa chère soeur adorée

* Arsinoë arriva devant la porte de la chambre de sa grande soeur, Cléopatre. Soeur qu'elle ne portait pas spécialement dans son coeur et ça, le monde entier devait le savoir. Mais alors pourquoi venir lui rendre visite ? Eh bien, à vrai dire, Arsi' n'avait aucune "bonne" raison de venir la voir mais il fallait avouer qu'elle avait eu une soudaine envie de l'embêter, une fois de plus. *

* Un joli sourire illuminait son visage lorsqu'elle frappa plusieurs coups à la porte de la chambre. Elle attendit, patiemment, que sa soeur ou l'une de ses servantes viennent lui ouvrir. Elle ne savait pas encore quoi lui dire, mais, comme à son habitude, cela allait arriver d'un coup. *

* Après quelques secondes, la porte ne s'était toujours pas ouverte. La cadette perdit un peu patience et re-frappa à la porte, en soufflant un peu. *

* Cléopâtre était étendue sur son lit, comme à son habitude à cette heure-ci, car ilf aisait bien chaud, et se faisait éventer par un esclave avec une feuille de palme, tandis que l'un de ses eunuques chantait accompagné d'un instrument de musique s'apparentant à la harpe. Ses suivantes étaient occupées soit à danser, soit à chanter, ou encore à broder. La grossesse de Cléopâtre commençait à la fatiguer, elle en était à son cinquième mois, et si les nausées matinales du premier trimestre avaient disparu, la fatigue, elle, était constante, sans parler de ses sautes d'humeur. Déjà qu'elle était d'ordinaire d'un caractère bien difficile, cela n'arrangeait en rien les choses.

Soudain, on frappa à la porte. La Reine était à mille lieux de s'imaginer que c'était Arsinoé qui lui rendait visite... Mais comme ce n'était assurément pas César, et qu'elle n'avait pas vraiment envie de voir du monde, déjà que la vue de ses serviteurs qu'elle appréciait pourtant l'insupportait, elle ne donna pas tout de suite l'ordre d'aller ouvrir. Il fallut que les coups se répètent et que l'un des serviteurs annonce, comme si l'on n'avait pas compris, que quelqu'un demandait à voir la reine, pour qu'elle fasse un geste nonchalant de la main afin qu'on ouvre au visiteur.

Le visage d'Arsinoé apparut alors lorsque le serviteur ouvrit, et Cléopâtre eut du mal à dissimuler sa surprise. Arsinoé et elle avaient bien eu du mal à s'entendre en grandissant, et bien que les frères et soeurs de la fratrie des Ptolémées aient tous du mal à s'entendre, elle la savait plus proche de Ptolémée le fuyard que d'elle. *

-Arsinoé, entre donc. Que me vaut l'honneur de ta visite? lui demanda-t-elle.

* Arsinoë entra dans la chambre de sa soeur, après avoir salué les quelques serviteurs présents également dans la pièce. Elle regarda sa soeur, enceinte, un sourire en coin. Elle se dirigea vers elle, toujours sans répondre à la question de cette dernière. Apparemment, Cléo' était surprise de voir sa soeur cadette ici. Cela pouvait se comprendre car on ne pouvait pas dire que les deux soeurs s'entendaient à merveille. *

- Avons-nous vraiment besoin d'une quelconque raison pour rendre visite à quelqu'un ?

* Arsinoë regarda sa soeur de haut en bas, toujours ce sourire présent au coin des lèvres. *

- Tu as bien grossi depuis la dernière fois qu'on s'est vues.

* Arsi' commençait dors et déjà à attaquer sa soeur. Et sur son physique qui puisait. D'ordinaire, Arsinoë n'était pas méchante au point d'attaquer sur le physique des personnes, mais là, et ce sans aucune raison apparente, la grossesse de sa soeur était un sujet sur lequel Arsi' pouvait s'appuyer pour pousser à bout sa grande soeur. *

* Cléopâtre regarda sa soeur entrer et faire ses manières en saluant ses serviteurs, elle qui d'habitude méprisait les Egyptiens de souche. Elle soupira en entendant sa réponse.*

-Certes non, mais connaissant l'amitié que tu me portes, permets-moi de douter de tes intentions...

* La réflexion d'Arsinoé fit sourire Cléopâtre. Elle se savait très belle et n'avait donc aucune raison de mal prendre une quelconque réflexion faite sur son physique. Elle sourit donc à sa soeur en lui répondant du tac-o-tac.*

-Je porte le fils de César, son héritier, celui qui scellera le destin de l'Egypte à celui de Rome. Alors, oui, comme tu le dis, j'ai grossi. Mais il n'en reste pas moins que je suis toujours ta Reine et tu me dois le respect.

*Puis, elle soupira, regarda autour d'elle les suivantes qui se demandaient quoi faire, puis reporta à nouveau son regard sur sa soeur.*

-Tu peux t'asseoir.

*Elle lui désigna un siège placé non loin du lit où elle était étendue.*

* Arsinoë ressentit une légère frustration. Sa soeur n'avait pas mal pris sa petite pique sur sa grossesse. Mais la cadette ne comptait pas à en rester là. La jeune Egyptienne ignora les paroles de sa soeur sur l'enfant qu'elle portait et surtout sur le fait qu'Arsi' lui devait le respect. Seul un petit rire sortit de sa bouche. Arsi' ne laissa rien paraitre sur sa petite frustration et regarda le siège que lui désignait sa soeur. *

- Non, je peux rester debout, moi.

* Arsi' sourit à nouveau. Son regard se posa sur sa soeur, allongée sur son lit, puis les servantes qui entouraient sa frangine. Les pauvres, elles ne savaient que faire de leur temps libre *

- Tu devrais leur donner quelque chose à faire, dit-elle en désignant les suivantes de sa soeur d'un coup de tête plutôt méprisant, comme elle en avait l'habitude.

* Cléopâtre haussa les sourcils à la réponse de sa soeur. Cette petite peste d'Arsinoé cherchait belle et bien à la provoquer. Soit. La Reine garda son beau sourire, et face à la proposition de sa cadette hocha la tête. *

-Oui, tu as raison.

* Elle regarda ses suivantes en leur souriant.*

-Charmian, fais disparaitre tous les sièges de cette pièce pour autant qu'Arsinoé y sera, puisqu'elle peut rester debout. Quant à toi et les suivantes, asseyez-vous et occupez-vous, chantez, ou jouez, peu m'importe. Je vous ferai signe si j'ai besoin de vous.

* Les suivantes s'éxécutèrent, déplaçant les sièges afin de les changer de pièce. Cléopâtre regarda Arsinoé. Elle allai regretter de l'avoir provoquée!*

-Tu fais la fière, mais Ptolémée est parti en t'abandonnant ici, sans se soucier de savoir si je te garderai en vie ou non. Ce traitre tahit même ceux qui sont de son coté, c'est-à-dire toi, sa propre soeur. Tu dois en être bien affligée...

* Arsinoë regarda les suivantes de Cléopatre enlever les chaises de la pièce pour les mettre ailleurs. A ces yeux, tout cela lui faisait penser à un cirque. La jeune Egyptienne hocha la tête, toujours ce même sourire aux lèvres. Elle reposa ensuite son regard sur sa soeur qui souriait également. *

- Eh bien, je vois que la grossesse ne te rend pas plus aimable que d'habitude, c'est bien dommage. En revanche, tes suivantes doivent se réjouir de ton état.

- Asseyez-vous et occupez-vous, chantez, ou jouez, peu m'importe, dit-elle en imitant la voix de sa grande soeur en la modifiant un peu. Puis elle rit avant de reprendre la parole.

- Tu es devenue, comment dirais-je, gentille avec elles. Ca doit leur faire un de ces changements !!

* Arsi' sourit à nouveau, mais ce sourire disparut aussitôt que sa frangine ait prononcé le nom de Ptolémée, leur frère. *

- Ne le mêle pas à notre conversation Cléopatre, je ne plaisante pas.

* La jeune Egyptienne regarda sa soeur d'un oeil noir. Si elle s'attaquait à Ptolémée, Arsinoë allait, ni une ni deux, prendre sa défense. Elle tenait à Ptolémée plus qu'à n'importe qui et quiconque l'attaquait et critiquait, s'attaquait également à sa petite soeur. *

* Cléopâtre éclata de rire. L'impertinence d'Arsinoé avait quelque chose de comique. Pour qui se prenait-elle du haut de ses 19 ans à venir narguer sa soeur ainée qui elle avait tous les pouvoirs à présent? D'autant qu'Arsinoé méprisait le peuple Egyptien et était une personne assez hautaine. *

-Mas contrairement à toi, je respecte mon peuple et mes serviteurs. Je suis aimable quand je dois l'être. Mais je crois que si quelqu'un est mal placé pour juger ma conduite, c'est bien toi.

* Puis, voyant le changement d'attitude de sa soeur lorsqu'elle avait prononcé le nom de leur frère, Cléopâtre eut un petit sourire en coin. Ainsi donc elle continuait de le soutenir. Et en plus elle la menaçait? *

-Sinon quoi? qu'espères-tu faire? Surtout ici... Si tu tentes quoi que ce soit, tu seras morte dans la seconde.

* La Reine secoua la tête, souriant toujours, et planta son regard dans celui d'Arsinoé.*

-Tu es bien naïve de croire qu'il t'aidera. Il n'a que faire de toi, ce n'est qu'un enfant insolent et égoïste, manipulé par cette vieille hyène de Pothin.

* Arsi' croisa les bras, regardant toujours sa frangine d'un regard sombre *

- Moi aussi je respecte mon peuple, qu'est-ce que tu crois ? Seulement, parfois, il faut leur faire comprendre qu'eux ne sont que peuple alors que je suis princesse. Nous sommes différents. Et je leur fait comprendre ceci tout en les respectant. Je ne vois pas où est le mal. Arrête de me faire passer pour une fille méchante auprès de tous.

* Cléopatre se sentait menaçée par sa soeur. Non, Arsi' n'avait pas l'intention de tuer sa soeur même si parfois, elle la haïssait. *

- Nous sommes totalement différentes Cléopatre. Tu veux te faire passer pour une fille bien auprès des Egyptiens, mais que nenni. Seuls Ptolémée et moi-même, te connaissons vraiment. Maintenant qu'il est parti, je suis ta seule "crainte". Sache que je ne t'ai en aucun cas menacée tandis que toi, tu parles déjà de ma mort.

* Arsi' écouta, d'une oreille distraite, sa frangine cracher sur leur frère. La jeune Egyptienne ferma les yeux, tentant de respirer lentement pour ne pas exploser de colère, chose qui ferait bien trop plaisir à Cléo'. *

- Je ne suis pas naïve !! Je sais qu'il reviendra parmi-nous, que tu le veuilles ou non !

* Cléopâtre rit une nouvelle fois. Les propos de sa soeur l'amusaient au plus haut point. mais que cherchait-elle à la fin? *

-Tu es venue jusqu'ici pour me dire qu'en réalité je me trompe, que tu es une colombe innofensive et que c'est moi la vipère qui cherche à nuire à tous? Que je sâche, c'est Ptolémée qui m'a poussée à fuir en Judée la dernière fois, m'obligeant à quitter MOn pays, MON trône, alors que notre père dans son testament avait stipulé que nous devions régner ENSEMBLE ! Il a voulu me faire assassiner! Et toi tu es de son coté! Alors oui, je me méfie de toi et de tes paroles ainsi que de tes gestes.

* Elle poussa un profond soupir avant de continuer.*

-En ce qui concerne le peuple, tu méprises les Egyptiens de souche, ne dis pas le contraire je le sais. Bien sûr que tu es Princesse, mais cela ne te donne pas le droit de comploter contre moi ou contre eux. Quant à Ptolémée, ne te fais pas d'illusions, après ce qu'il a fait, César ne le laissera jamais revenir en vie.

* Arsi' décroisa ses bras, fermant les poings et parla fort, presque comme si elle criait *

- Tu m'exaspères !! Oui, je suis du côté de Ptolémée. Mais ce n'est pas parce que LUI il a voulu te faire assassiner que c'est obligatoirement ce que MOI je veux !!
Elle est belle la Reine à parler sans réfléchir !!

* Horrifiée par les paroles suivantes de sa frangine, Arsinoë baissa d'un ton *

- Ptolémée reviendra vivant dans SON pays. La place de César n'est en aucun cas ici, en Egypte contrairement à notre frère. De quel droit aurait César de le tuer ?

* Même si la colère était présente en elle, Arsi' ne put s'empêcher de ressentir une certaine crainte. Elle voulait revoir son frère vivant ici, en Egypte et ça, personne n'allait lui en empêcher. Mais, même si cela lui faisait mal, il fallait avouer que Cleopatre avait surement raison. Peut-être que Ptolémée serait, malheureusement, tué. Mais elle voulait croire que sa soeur ne pouvait ordonner à un de ses servants de tuer un membre de sa famille. *

* Cléopâtre perdit son sourire lorsqu'Arsinoé haussa le ton. Pour qui se prenait-elle à la fin à oser crier devant elle? Cléopâtre haussa le ton elle aussi, elle ne comptait pas se laisser faire.*

-JE sais très bien que TU me détestes autant que Ptolémée me déteste. Et tu parles des droits de César, mais quel droit avait Ptolémée de faire tuer Pompée?! Je te le demande! C'était l'ennemi de César, un Romain, et ce petit imbécile l'a fait mourir dans des conditions inacceptables chez les Romains, provoquant ainsi le courroux de l'Imperator!

* Le regard que Cléopâtre posait sur sa soeur était à présent foudroyant.*

-César est donc tout à fait en droit de lui oter la vie, d'autant, encore une fois, que lui a essayer d'attenter à la mienne. Espères-tu vraiment que je vais laisser m'approcher quelqu'un qui souhaite me voir mourir?!

* Arsi' ne se laissa pas démonter par le ton qu'avait pris la discussion. La cadette défendait bec et ongle on grand frère. Elle répondit du tac-au-tac. *

- Et toi, oserais-tu tuer un membre de ta famille ? Oserais-tu montrer à quel point tu es cruelle et une femme sans-coeur ? Tu as beau être la Reine que tout le monde admire, tu n'as en aucun cas le droit de tuer quelqu'un du même sang que toi.
D'accord, je ne suis pas une fille très sympathique avec les suivants ou avec toi ou avec je ne sais qui d'autre, mais je n'oserais jamais faire ce que tu fais. Tu es bien pire que moi Cléopatre. Mais ça, personne ne s'en rendra compte car tu es admirée de tous, personne ne voit le mal que tu me fais.

* Sans le vouloir, Arsi' avait laissé échapper l'un de ses sentiments à sa frangine. Elle baissa les yeux. Sa voix avait baissé en volume au fil des mots et la dernière phrase avait été prononcée comme un murmure. *

* L'attitude d'Arsinoé commençait vraiment à exaspérer Cléopâtre. Elle était dans un tel état d'énervement qu'elle donna un coup avec le dos de la main sur le vase en terre cuite situé sur un guéridon à coté de son lit et l'envoya valser et se briser au sol dans un bruit fracassant. L'eunuque ne cessa cependant pas de jouer car il savait qu'il ne fallait sous aucun prétexte s'arrêter tant que la Reine ne l'avait pas ordonné.*

-Ce que tu peux être stupide, Arsinoé! Ne comprends-tu pas que c'est lui ou moi? Il veut que je meure, je ne le laisserai pas parvenir à ses fins, entends-tu? Si quelqu'un doit mourir, ce ne sera pas moi ! Si je n'ai pas le droit, lui non plus je crois! Et puisqu'il s'octroie ce droit, je ne vois pas pourquoi je n'en ferais pas de même! Je suis la SEULE à pouvoir rendre à l'Egypte sa grandeur!

* Les dernières paroles de sa soeur la laissèrent bouche bée durant quelques secondes. Elle se redressa un peu de telle sorte qu'elle était maintenant assise.*

-Le mal que je te fais? De quoi parles-tu? Exprime-toi, je t'en prie...

* Arsinoë regarda le vase se briser sur le sol sans dire un mot. Elle releva les yeux vers sa soeur, visiblement très contrariée. Elle ne rajouta rien aux paroles de sa soeur aînée et se contenta simplement de hausser les épaules. A quoi bon, ni l'une ni l'autre n'allait démordre pour donner raison à l'autre. Chacune restait bien campée sur ses positions et Arsi' préféra en rester là. *

* Sa soeur lui demanda des explications sur sa dernière phrase mais la cadette n'avait aucunement l'intention de lui dire quoi que ce soit. Elle en avait déjà bien trop dit. *

- Non, oublie. Je m'en vais. Tu pourras donner l'ordre à tes suivantes de remettre toutes les chaises à leur place habituelle. Je suis désolée de t'avoir dérangée, Madame la Reine.

* Elle fit un léger sourire mais le coeur n'y était plus. Elle se retourna et partit de la chambre. une fois derrière la porte, elle soupira avant d'aller sortir prendre l'air et se changer les idées. Elle s'en voulait d'avoir dit ça de vive voix et devant Cleo'. *

* La jeune Reine était troublée par ce qu'avait dit Arsinoé. Elle en était presqu'émue. etait-ce lié à sa grossesse? Elle n'aurait su le dire. Toujours était-il qu'elle entrevoyait presque une possibilité d'entente si Arsinoé s'expliquait sur ce qu'elle ressentait. Après tout, Cléopâtre ne lui voulait pas spécialement du mal, elle voulait seulement régner sur l'Egypte et rendre à son pays sa grandeur d'antan, du temps des premiers Ptolémée.
Elle la regarda s'éloigner, et chercha un prétexte pour l'empêcher de partir.*

-Attends! Je ne t'ai pas ordonné de partir. Reste! Arsinoé !

*Mais elle était rapide, déjà parvenue à la porte. Cléopâtre fit signe à ses suivantes de la rattraper, pendant qu'elle se levait, doucement, de sa couche. Elle se dirigea d'un pas lent et majestueux vers la porte. Arsinoé n'avait guère pu aller bien loin, vu que deux suivantes lui avaient couru après sur ordre de la Reine.*

-Depuis quand une Princesse fuit devant sa Reine? lui lança-t-elle une fois face à Arsinoé.

* Arsinoé se retourna et roula des yeux en voyant les suivantes lui "courir" après. Arsi' se devait, bien malgré elle, d'obéir à sa soeur. Elle revint vers la porte et fit face à Cléopatre. *

- Depuis que la Princesse n'a plus rien à dire à la Reine.

* Arsi' la fixa, sans sourciller un instant. La cadette savait que son aînée voulait connaître le sens de sa phrase de tout à l'heure mais Arsinoé n'avait aucunement l'intention de lui donner ce sens. Elle le garderait pour elle, tant pis si elle devait subir un quelconque châtiment. La jeune Egyptienne était bornée et elle allait, une fois de plus, faire preuve de son caractère. *

* Cléopâtre tâcha de se radoucir. Elle voulait absolument savoir ce qui se passait dans la tête de sa soeur, car bien qu'elles n'aient plus eu d'affinités depuis bien longtemps, peut-être que cet éloignement était dû à quelque chose dont Cléopâtre ne s'était pas rendu compte. Peut-être aussi qu'il était possible de remédier à cela, après tout, elle était fine stratège, et la famille pouvait se traiter comme la politique, il suffisait d'avoir une intelligence suffisemment perspicace pour déceler les failles.*

-Je ne t'ai pas donné l'ordre de quitter la chambre, dit-elle d'un ton calme, avec même un sourire bienveillant.

* Elle lui prit la main, geste d'affection qu'elle n'avait plus fait à Arsinoé depuis qu'elle avait 10 ans.*

-Ecoute, j'aimerais vraiment que tu me parles. Pourquoi te fermes-tu ainsi?

* Elle fit signe aux suivantes de s'éloigner afin qu'elles ne puissent pas entendre ce qu'Arsinoé pourrait dire.*

* Arsinoë soupira. Elle n'avait rien envie de dire à sa soeur. Elle pouvait passer par la manière douce, comme elle le faisait maintenant, ce qui, au passage, étonna la cadette fortement, comme par la manière forte. Rien n'y ferait, elle ne dirais rien. *

* La cadette baissa les yeux vers sa main. Elle était bien plus qu'étonnée que Cléopatre lui prit la main. Cela faisait un bon bout de temps qu'elle n'avait montré un signe d'affection à sa soeur. Troublée par ce geste, Arsi' retira sa main avec lenteur. *

- Dans la vie, nous voudrions plein de choses. Mais on a pas tout ce qu'on veut, malheureusement.

* Cette phrase signifiait qu'elle n'avait aucunement l'intention de dire quoi que ce soit à sa soeur malgré qu'elle lui était reconnaissante d'être, pour une fois, à son écoute avec autnt de douceur. *

- Peut-être qu'un jour je te dirais tout. Peut-être.

- Puis-je me retirer maintenant ?, dit-elle en fixant sa soeur.

* Cléopâtre comprit encore moins pourquoi arsinoé ne voulait pas lui dire ce qu'elle avait sur le coeur. Cela ne lui prêterait à pas préjudice, du moins beaucoup moins que si elle persisitait à ne rien dire comme elle le faisait en ce moment, ce qui aurait le don d'énerve la reine bien plus encore. Cléopâtre secoua doucement la tête en signe d'incompréhension.*

-Arsinoé, je ne te comprends vraiment pas; Pourquoi attendre un jour? pourquoi ne pas me le dire tout de suite? Ce serait peut-être l'occasion de mieux nous comprendre, tu ne crois pas?

* Arsinoé désirait à présent se retirer, mais Cléopatre, étrangement, n'avait pas envie de la laisser partir. Elle la regarda de manière plutot neutre.*

-Ne veux-tu pas rester encore un peu avec moi? J'ai fait préparer du thé à la menthe... je sais que tu l'adores...

* Malheureusement, sa soeur était également têtue. Elle tenait absolument à savoir ce qui avait poussé Arsi' à prononcer cette malheureuse phrase alors que cette dernière ne disait mot. *

- Non, je ne crois pas.

* Ignorant les questions précédentes, elle la regarda, attendant la permission de se retirer. Permission que d'ailleurs, elle ne donna pas, ce qui avait le don d'exaspérer la cadette. *

- Juste une tasse et après je m'en vais !! Mais je veux que tu saches que ce n'est pas parce que tu as fait l'une de mes boissons favorites que je vais tout te dire.

* Elle la fixa un petit moment avant de re-rentrer dans la chambre, précédée par Cleopatre. Pour une fois, Arsi' ne souriait pas. Elle attendait juste avec patience sa tasse de thé et elle s'en doutait d'avance, d'autres questions provenant de sa soeur. *

* Cléopâtre rentra donc dans la chambre avec Arsinoé. Les suivantes avaient tout précédé et fait installer le salon avec une petite table en bois précieux devant. La princesse et la reine prirent place, et les suivantes leur servirent le thé à la menthe dans de jolis petits verres travaillés et peints. Le thé était brûlant et une fumée odorante s'en échappait.
Arsinoé était effectivement têtue, elle ne voulait rien dire, mais Clopâtre ne comprenait absolument pas pourquoi. C'était d'ailleurs insupportable.*

-Soit, tu ne veux pas me le dire, mais pourquoi ne veux-tu pas que je sâche alors?

* Elle regarda sa soeur avec un petit sourire. Finalement, cette situation, aussi énervante fut-elle, l'amusait quelque peu. Les deux soeurs étaient aussi têtues l'une que l'autre.
Soudain, elle sentit l'enfant bouger dans son ventre, ce qui n'était encore jamais arrivé; Cet événement la suprit et lui arracha un écarquillement des yeux de quelques secondes. Elle mit sa main sur son ventre en regardant Arsinoé.*

-Oh!

* Arsinoé attendait avec patience que le thé refroidisse un peu. Ses deux mains tenait le petit verre de chaque côté car, bien qu'il faisait chaud, Arsi' avait les mains froides et le thé avait le don de la réchauffer. Arsi' souffla en entendant, une fois de plus, une question. *

- Je ne pense pas avoir besoin de me justifier. Si je n'ai pas envie de partager quelque chose avec toi, je ne le ferais pas. Je fais ce que je veux. Tu n'es pas obligée de tout savoir sur moi.

* Elle bu deux petites gorgées de son thé à la menthe qu'elle trouva délicieux. En reposant son verre sur la table, son regard se tourna vers sa soeur. La cadette regarda son aînée d'un air bizarre, ce demandant ce qui lui pouvait bien lui arriver pour qu'elle pousse un cri en plein milieu de la conversation, si on pouvait appeler cela une conversation. *

- Quoi ?, répondit-elle d'un air assez froid.

* Voyant la réaction sèche de sa soeur, Cléopâtre se reprit et la regarda d'un air neutre, sans sourire ni pour autant la foudroyer du regard.*

-Rien, c'est juste que l'enfant a bougé. Je ne m'y attendais pas.

* Elle prit le petit verre de thé situé devant elle. Le gouteur avait testé le breuvage avant que les deux soeurs ne s'installent. La reine porta le verre à ses lèvres et en but une gorgée, puis reposa le verre sur la table.*

-Je ne veux guère t'obliger à tout me dire, je ne comprends seulement pas pourquoi tu ne veux pas me dire ce que tu penses, puisque cela me concerne. Je pensais que tu étais une personne franche, mais il faut croire que je me trompais.

* Arsi' fixa sa soeur. L'enfant avait bougé. L'enfant qui deviendra son neveu. Malgré ce futur lien de parenté, Arsi' resta la même, c'est-à-dire de glaçe. Que pouvait-elle faire ? Elle n'allait pas sauter sur sa soeur comme une hysterique en faisant croire qu'elle était heureuse. Sa soeur allait devenir maman dans quelques mois. Et alors ? Est-ce pour cela qu'Arsinoë devait changer ses manières, ses façons de se comporter envers Cléopatre ? Peut-être, mais ce n'était pas du tout son intention. *

- Ah d'accord, se contenta t'elle de dire platement, sans aucune autre réaction.

* Elle prit son verre pour boire à nouveau de son thé à la menthe mais s'arrêta aussitôt en entendant les paroles prononcées par sa soeur. Cette dernière traitait, indirectement certes, sa cadette de menteuse, de cachottière. A cet instant même, Arsi' avait envie de jeter le reste de son verre sur sa soeur et partir mais elle prit soin de prendre ces remarques avec un certain "self-control". Elle savait très bien qu'elle n'était ni menteuse ni cachottière et avait bien l'intention d'expliquer une bonne fois pour toute pour quelle raison elle n'avait aucune envie de dire ce qu'elle avait sur le coeur à sa soeur. *

- Je suis une personne franche ! Seulement, ce que j'ai sur le coeur, tu seras bien la dernière personne à le savoir. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on ne s'aime pas ! Depuis notre plus tendre enfance, on ne s'entend pas. Alors pourquoi je devrais te raconter ma vie, hmm ? Tout tourne autour de toi Cléopatre ! Tu ne penses qu'à toi, à ton royaume, aux hommes et maintenant à ton bébé. Il n'y a pas de place pour moi !!

* La colère l'emportait. Au fur et à mesure, le ton montait creshendo et les larmes lui montèrent aux yeux. Sans le vouloir, elle avait fait connaitre à Cléopatre son sentiment envers elle. Pendant son petit discours, elle s'était levée de sa chaise. Maintenant un peu plus calme, elle se rassit, les yeux baissés. *

- Je peux partir maintenant ?

* Arsinoë n'osait même plus regarder sa soeur en face, ni toucher au thé à la menthe. Elle restait immobile sur sa chaise, le regard dirigé vers le sol. Elle savait qu'elle était aller sans doute trop loin mais cela lui fit du bien de sortir un peu ce qu'elle refoulait depuis plusieurs années maintenant. Elle s'attendait à subir les violentes foudres de sa soeur, la Reine. *

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