Isis et Jupiter, audience du prêtre Shedetef

*Comme la Grande Reine le lui avait demandé la veille, Shedetef se rendit au Palais après les cérémonies quotidiennes du matin. Il avait un peu hésité, mais finalement revêtu simplement la longue tunique plissée des prêtres égyptiens. Il avait souligné ses yeux de khôl et fait raser de près son crâne, mis autour de son cou un simple collier de cornaline orné d'un petit pendentif en forme de pilier djed, et autour de sa taille une ceinture de lin brodée. Il voulait apparaître en tant qu'image de l'Egypte éternelle, immuable, puisque Sa Majesté lui demandait de témoigner pour les Egyptiens devant César. Il tenait à la main un rouleau de papyrus, un document qu'il comptait remettre à la Reine pour apporter des preuves de ce qu'il allait dire. Cela serait sûrement utile à la Fille de Rê pour convaincre le Romain.*

*Il avait eu un peu de mal à trouver son chemin, mais finalement un garde de la Reine l'avait accompagné jusqu'à la salle du Trône, comme elle le lui avait dit. Lorsque les lourdes portes de la salle s'ouvrirent, il entra d'un pas lent et solennel, ôta ses sandales et les remit à un serviteur : contrairement aux barbares, les Egyptiens ne paraissaient que déchaussés devant leurs souverains, comme devant leurs dieux ; car en Egypte, un souverain était un dieu vivant, l'incarnation des divinités dynastiques... Toujours selon les vieilles coutumes, il se prosterna à une bonne distance du trône, ne regardant pas la Reine puisque cela ne se faisait pas. Il était très impressionné par la magnificence des lieux, qu'il ne connaissait qu'à travers ce qu'on en disait en ville. Et la réalité était bien au-dessus de ce qu'on disait.*

- Divine Majesté, dit d'une voix forte le fonctionnaire chargé du protocole des audiences, le prêtre Shedetef, fils de Khâemwaset de la ville de Thèbes, desservant et lecteur du grand Iseion d'Alexandrie, se présente humblement devant toi, répondant à ta convocation.

* La jeune Reine avait effectivement convoqué Shedetef à venir témoigner des souffrances que le peuple Egyptien endurait à cause des Romains. Après une nuit des plus torrides avec César, comme elle en avait l'habitude, Cléopâtre s'était levée tôt ce matin-là, gardant à l'esprit l'audience qui devait avoir lieu et qu'elle attendait avec impatience. Elle avait hâte de revoir Shedetef, qu'elle avait rencontré au temple d'Isis à Alexandrie alors qu'elle venait prier la déesse. Le prêtre, malgré son jeune âge, parlait fort sagement et était respectueux et sensé, ce qu'elle appréciait chez les gens.

Cléopâtre avait revêtu l'une de ses robes d'apparat, richement cousue de fil d'or, portait sur sa tête la coiffe comportant les couronnes de la Haute-Egypte et de la Basse-Egypte, ainsi que le sceptre dans une main et le fouet dans l'autre. Elle était assise sur son trône, majestueuse image de la déesse. A coté d'elle se tenait le grand Jules César, maitre de Rome et presque du monde, du moins tous le croyaient.

Le fonctionnaire chargé du protocole des audiences annonça enfin Shedetef, et Cléopâtre lui répondit d'une voix sonore de le faire entrer. Le prêtre s'inclina face à elle, à distance respectable, et la Reine appréciait cette attention. Elle remarqua également qu'il s'était déchaussé. Un Egyptien de souche, un vrai.*

-Parle en toute tranquilité, Shedetef.

* Le jeune prêtre, à présent que la Reine l'y avait invité, pouvait prendre la parole ; il ne savait par où commencer, et savait qu'il devait peser ses mots même si Cléopatre l'avait assuré de sa totale protection. Mais il lui fallait encore avant de commencer observer l'antique protocole.*

- Que loué soit ton Nom, ô noble Reine de Haute- et Basse-Egypte, Fille de Rê, Isis-Hathor dans sa grandeur, aimée d'Amon et de Mout ! Puisse-t-il retentir dans toute sa gloire pour des Millions d'Années ! , entonna-t-il en se courbant et en levant les bras, les paumes des mains tournées vers la souveraine.

* Il marqua une courte pause, puis dut se résigner, malgré son peu de sympathie pour les Romains, à saluer aussi César. Il ne devait rien laisser paraître de son animosité, puisque Cléopatre le lui avait bien fait comprendre lors de leur rencontre au temple, la veille. *

- Salut et Paix, puissant César, ami de l'Egypte et aimé de notre Reine. Puissent les dieux t'accorder leur bienveillante protection sur nos terres, selon la volonté de la Fille de Rê.

* Il s'inclina également devant le Romain, mais avec un peu moins de conviction que devant la Reine, c'était plus fort que lui. Et vint le moment où il dut prendre la parole sur le sujet pour lequel Sa Majesté l'avait fait venir au Palais. *

- Je viens, Grande Reine, porter devant toi les supplications de ton peuple, qui a foi en ta sagesse et en ta bienveillante attention de Mère de chacun de tes sujets. Sans vouloir offenser le puissant César, les soldats romains se comportent comme des soudards avec le peuple d'Egypte et causent à Alexandrie comme dans les autres villes où ils séjournent de nombreux désagréments... Certains confisquent des biens privés sous prétexte que les propriétaires sont des rebelles, alors qu'ils sont de fidèles sujets de Sa Majesté. D'autres abusent de la bière et du vin et violentent nos filles une fois qu'ils sont ivres. Beaucoup ne montrent aucun respect pour nos coutumes et ne respectent pas nos lois, dont Ta Majesté seule est garante. J'ai ici un document recensant les plaintes reçues par les chefs de quartier d'Alexandrie pour les deux derniers mois...

* Il s'adressait à la Reine d'Egypte, et non à César, à la fois pour respecter la coutume et pour éviter de montrer au Romain combien il le méprisait. Pourtant, il devait reconnaître que César avait de l'allure ; il pouvait être un nouvel Alexandre... Rien de commun avec ce pantin de Pharaon Ptolémée XIII, frère et époux de Cleopatre, manipulé par ses conseillers. *

* Cléopâtre, toujours bien droite sur son trône dans sa position de déesse vivante, regardait et écoutait attentivement le prêtre. Elle hocha doucement la tête à son salut rituel, et eut une attention encore plus particulière lorsqu'il commença à évoquer la cause exacte de sa venue. Il énonça avec précision les nombreux méfaits des soldats Romains sur le peuple Egyptien. Le visage de la Reine se figea, et sans bouger, elle parla d'une fois forte et autoritaire.*

-Entends-tu cela, O Grand César? Vois-tu ce que tes hommes font à mon peuple? Comptes-tu les punir pour leurs méfaits? Et peux-tu me promettre qu'il n'y aura plus de plaintes de ce genre à l'avenir? ajouta-t-elle en montrant avec son sceptre le document de papyrus que tenait Shedetef.

* Elle tourna enfin sa tête vers César, le regardant un peu sévèrement. Elle était vraiment remontée et en colère d'avoir appris à quel point ces barbares de Romains étaient des rustres et malmenaient son peuple.*

-C'est inadmissible! Je VEUX que cela cesse, César, tu m'entends?!

* Puis elle reporta son regard, cette fois bienveillant, vers Shedetef, et lui adressa ses paroles sur un ton beaucoup plus calme.*

-Approche, prêtre d'Isis, et montre-nous de plus près ce document, je te prie.

* Cléopâtre refusait d'être elle-même manipulée par des conseillers ou les Romains comme avait pu l'être son père Ptolémée XII. Il était hors de question pour elle de se rabaisser à payer comme un loyer la couronne. Certes elle savait que César se servait d'elle, mais elle se servait également de lui, c'était donnant-donnant, comme un commun-accord, et chacun d'eux le savait et en riait. c'était en vérité une drôle de relation, qui les amusait autant l'un que l'autre.*

- Si je puis me permettre, ajouta Shedetef en s'approchant et s'inclinant profondément pour remettre le rouleau de papyrus à la Reine. Tu y trouveras aussi le relevé exact de tous les greniers à blé des temples d'Egypte, que le clergé des dieux garde au nom de Ta Majesté. La situation est plus qu'alarmante, comme tu pourras le constater... Ce que les rebelles n'ont pas pillé pour nourrir leurs troupes, les émissaires romains le confisquent et le font charger sur des bateaux. La famine menace, et nous devons redistribuer aux plus pauvres une grande partie des offrandes faites aux dieux. La grande Isis elle-même n'a plus assez de pain à fournir à tous ceux qui se pressent chaque jour aux portes de ses domaine sacrés...

*Il savait qu'il était audacieux d'intervenir avant que César n'ait pu s'exprimer, mais Shedetef avait à coeur de donner à la Fille de Rê tous les arguments pour contrer les excuses que le Romain pourrait trouver. Quand il la voyait ainsi, dans toute sa majesté, parée des insignes royaux millénaires, son coeur s'enthousiasmait et il voyait plus que jamais en elle celle qui sauverait l'Egypte. Une nouvelle Hatshepsut, une nouvelle Tawsert ! Non pas simplement une Reine, une Grande Epouse Royale, mais une véritable femme-Pharaon ! *

*César, depuis le début de l’audience s’était prostré dans le silence. Sa position, bien droite également, les deux mains posées à plat sur les accoudoirs ornés précieusement et taillés d’une minutie sublime, le menton haut et le regard noir ne lui donnaient aucunement l’air d’un vaincu ou d’un soumis. Sa présence était indescriptible : il dégageait une aura sublime et impressionnante. Le couple ainsi présenté était saisissant, éblouissant : à en faire perdre les mots à celui qui se présentait à leurs pieds.*

*Il avait bien évidemment tout entendu… Il avait eu vent de quelques désordres de par le rapport d’Antoine, mais cela était moindre en comparaison des dires de Shedetef. Qui croire ? Son fidèle bras droit pour sûr ! Le prêtre parlait, parlait, parlait encore et encore, déblatérant nombre de faits.. L’imperator n’y voyait là qu’exaltation déplacée et médisante exagération… Il serra son poing devant tant d’insolence mais demeura muet*

*Lorsque sa divine amante s’adressa à lui, il ne prit même pas la peine de tourner la tête dans sa direction, fixant toujours l’intrus. Oh oui il l’écoutait mais ne l’entendait pas… Il eu un rictus pervers, étouffa un rire pervers : quelle situation cocasse.. tout n’était que salade flétrie ! Et le monsieur arguait d’avoir nombre de preuves accablantes ? Bien sûr ! Tss..*

*Il laissa Cléopâtre prendre connaissance du document. Son agacement commençait à se faire sentir, il ne demeurerait impossible guère plus longtemps si cette audience ridicule se continuait. Les romains étaient sous ses ordres, il savait que ces hommes respectaient ses commandements, mais ne voulait croire à leur débauche : cela marquait une insulte à sa personne et la plus cinglante. Non, il ne pensait rien avoir à se reprocher !*

[i]

* César restant pour le moment silencieux, Cléopâtre n'y prêta plus attention. Certes, le fait qu'il feigne d'ignorer tout ce qui se disait l'énervait au plus haut point, mais elle tâchait de rester maitre d'elle-même. Elle était Reine et ne pouvait ainsi devant son peuple se montrer sous son jour de jeune femme lunatique. Elle se saisit donc du document que le prêtre lui tendait, y jeta un oeil attentif pendant qu'il continuait d'expliquer tout ce qui se passait tout en hochant doucement la tête. Elle tendit ensuite le papyrus à César.*

-Vois toi-même, Grand César!

* Allait-il encore longtemps ignorer tout ce que l'on disait? Puisqu'un honnêtre prêtre d'Isis leur expliquait toutes les mauvaises manoeuvres des émissaires Romains, il fallait le croire, pourquoi mentirait-il? *

-Le marché que nous avions, le blé que tu devais faire parvenir à Rome ne comprenait pas celui dont mon peuple a besoin pour vivre!

* La jeune Reine attendit qu'il jette un oeil à son tour au rouleau de papyrus apporté par Shedetef afin qu'il se fasse une idée de la véracité des dires de celui-ci. Elle posa son regard perçant et pénétrant sur lui, attendant qu'il la regarde à son tour.*

-Alors, qu'as-tu à dire, Imperator?

* Le connaissant un minimum depuis tous ces mois, elle se doutait qu'il bouillait intérieurement. Se faire ainsi accuser ne devait absolument pas lui plaire, connaissant le caractère fort du grand Romain qu'il était. Mais il fallait réagir, Cléopâtre ne pouvait laisser faire de tels agissements, elle voulait que cela cesse et que son peuple ait de quoi manger, et ne se sente pas dans la crainte dès que les Romains passaient. Après tout, les Egyptiens étaient chez eux, il n'y avait pas de raison qu'ils se sentent envahis!*

*Monsieur César s’empara contraint et forcé de ce papyrus dont il ne voulait absolument pas prendre connaissance. Du coup, il y jeta un regard pour la forme : les lignes qui y étaient écrites ne firent que s’entremêler harmonieusement dans une valse d’arabesques noires sans rien lui évoquer. Oui il regardait, non il ne voyait pas. Quelle couleur habillait-elle au mieux la colère : le rouge ? Le noir ? A vous de choisir..En tous cas les yeux de l’Imperator brûlaient de cette fureur difficilement descriptible et dont il ne valait mieux pas en être ni le provocateur, ni le destinataire !*

* « Le marché nianiania… » : Il bondit de son trône, jetant avec frénésie le « papier » qu’il tenait alors en main. Bouillir lui ? C’était peu dire !*

-ASSEZ ! *Cria t-il accompagnant sa parole d’un geste de la main qui en disait tout autant, regardant tour à tour Cléopâtre et ce Shedetef qui lui inspirait tout sauf confiance et respect ! Voyant que l’impétueux était tout prêt à répondre il répéta avec plus de force encore :*

-ASSEZ ! * Son regard allait de l’un à l’autre, dur, froid mais interrogateur aussi : être la risée d’un public dans une arène bondée aurait eu le même effet sur un citoyen lambda. Mais il était César, le Grand, le Conquérant, l’Imperator, alors ce sursaut de fierté, le réveil de l’égo n’en étaient que décuplés.*

-Mensonges, feintes, hypocrisie ! * Il se retourna vers la Reine d’Egypte pour lui faire face, bombant le torse, altier dans son courroux : * -Voyons, Cléopâtre, ne me dis pas que tu crois à ce canular ?! Il essaye de te monter contre moi : il use de facéties et de preuves arrangées pour retourner ce qui nous uni, il démonte chaque pièce de notre confiance par l’artifice… Et toi, toi, tu te laisses attraper, convaincre par la facilité, tu acquiesce à ses dires les yeux fermés parce qu’un bout de papyrus vient décrire ses âneries ?

*Il se retourna violemment vers le prêtre et siffla entre ses dents*

-Mais qui êtes vous vraiment pour venir oser tenir un tel discours sous couvert d’une haute et respectable fonction ? Mesurez-vous les conséquences de votre minable-petit-jeu ? *Il avait pris soin de bien détacher chaque mot de la phrase, son air était dédaigneux et méprisant...*

*Non César ne croyait aucun des mots qui venaient d’être prononcés : Antoine ne lui avait rien rapporté de cela et il avait confiance dans les siens. Sur ses gardes, il voyait le mal partout, était aux aguets du mauvais présage, quitte à en faire de trop. En s’adressant ainsi à eux, à lui, en le rabaissant indirectement, Shedetef avait tendu là une corde plus que sensible, et le retour allait faire tout aussi mal !*

Shedetef demeurait imperturbable : jamais un Egyptien digne de ce nom ne ferait le plaisir à un Romain, même à César, de trembler devant lui. Il s'était attendu à une réaction violente et arrogante, mais cela lui démontrait que César ne serait jamais l'égal d'Alexandre. Selon le protocole égyptien, qu'il observait à la lettre, il était tourné en direction de la Reine et baissait le regard en signe de respect. Cela l'arrangeait, car ainsi César ne pouvait lire dans ses yeux la haine et le mépris. La Reine l'avait prévenu à demi-mot : il ne devait pas manquer de respect au Romain... Il prit néanmoins la parole, puisqu'il avait été apostrophé.

- Sauf ton respect, noble César, dit-il d'une voix calme et posée qui contrastait avec la colère de l'Imperator, tu sembles ignorer que nous avons en Egypte un principe qui se nomme la Maât, ce qui équivaudrait dans ta langue à la Justice et à la Vérité pour l'équilibre du monde ; or, comme Sa Majesté pourra te le confirmer, nos prêtres comme nos souverains jurent fidélité à la Maât, et que la Maât soit toujours sur leur langue... ou, si tu préfères, de dire toujours la Vérité, quoi qu'il leur en coûte. Je suis prêtre d'Isis, comme mes ancêtres depuis plus de mille ans, cela aussi Sa Majesté pourra te le confirmer ; et la Maât est sur ma langue, car mentir à ma Reine serait une faute impardonnable qui me rendrait impur pour l'éternité : Sa Majesté est la fille de Rê, l'incarnation de la divine Isis-Hathor.

Il attendit un instant avant de poursuivre, car il savait que si le Romain ne comprenait pas grand' chose aux coutumes égyptiennes, la Reine, elle, saisirait parfaitement l'allusion.

- Je ne saurais douter de la bonne foi du noble César, ajouta-t-il, mais je crains qu'il ne soit mal informé. Nombreux sont les Romains qui te sont hostiles, Imperator, et souhaitent te voir faire un faux pas. Sans compter ceux qui prétendent attendre le butin que tu leur aurais promis, et jugent bon de se servir... Ils ont tout intérêt à te mentir. Alors que le prêtre que je suis n'a de souci que de servir sa Reine et l'Egypte... Vois, la Maât est sur ma langue puisque je n'ai aucune crainte de te dire toute la vérité, même si elle devait me coûter la vie.

Il s'inclina devant la Reine, car c'était à présent à elle de trancher. Et il avait en elle toute confiance.

* Cléopâtre s'attendait à une réaction vive de la part du grand César, mais peut-être pas à ce point, aussi sursauta-t-elle légèrement à son premier cri, mais soutenant toujours son regard, elle se contenta d'ouvrir ses yeux marqués de Khôl un peu plus à son second "ASSEZ !" . A présent, il démentait tous les dires de Shedetef en prétendant qu'il ne s'agissait là que de mensonges et d'hypocrisie, ce qui arracha à la Reine un rire ironique et froid. Bien sûr, c'était tellement facile de tout rejeter en bloc et de dire que les accusateurs étaient les menteurs. Elle planta son regard dans le sien et lui répondit un peu sèchement: *

-J'y crois, parce que c'est VRAI !

*Puis, elle continua d'une voix un peu plus douce.*

-Ce n'est pas en toi, que je n'ai pas confiance, mais en certains de tes hommes. Ceux-là mêmes qui maltraitent mon peuple, pillent et se servent.

*Puis, Shedetef commença l'explication salutaire du principe de la Maât, explication qui ne serait pas superflue afin de démontrer au grand chef Romain que le prêtre d'isis n'avait aucune raison de mentir. Cléopâtre hocha la tête avec un petit sourire empreint de fierté.*

-En effet, il dit la vérité. Shedetef parle au nom des Egyptiens, et il le fait bien. Je veux que le mal qui a été fait aux Egyptiens soit réparé. Et j'exige de ta part, César, une coopération totale, en ce sens que tu diras à tes soldats qu'il leur est formellement interdit de maltraiter le peuple ou de se servir dans leurs réserves, sans quoi nous les puniront sévèrement. S'ils veulent quelque chose, ils n'auront qu'à venir nous de demander. Suis-je assez claire?

* Dans sa tête, il n'y avait aucune raison pour que César refuse le "deal". Ils avaient jusqu'à présent toujours été d'accord lui les diverses marches à suivre, et exiger que l'on traite bien son peuple n'était une chose abérante, loin de là. L'Impérator n'avait donc aucune raison de refuser, puisque selon lui ses soldats se conduisaient de la manière la plus courtoise qui soit.*

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